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La Chine peut-elle se passer de son addiction au charbon ?

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Réuni en session plénière à la mi-mai, le congrès du Parti communiste chinois a dévoilé les grandes lignes du futur plan quinquennal (2021-2025). Élaboré peu après la crise épidémique, ce plan accorde au charbon une place primordiale dans l’avenir du pays. Ce choix se révèle pourtant être en contradiction avec les ambitions affichées lors de l’Accord de Paris sur le climat. Afin de limiter la hausse des températures à 2°C d’ici à 2050, le charbon doit être en effet totalement éliminé du mix énergétique mondial. Comment expliquer dès lors cette dépendance, voire cette addiction, de la Chine au charbon ?

 La Chine : une addiction de longue date au charbon

La Chine consomme près de la moitié de la demande mondiale de charbon.
Aujourd’hui, la Chine représente près de la moitié de la demande mondiale de charbon.

Depuis le tournant pris par Deng Xiaoping en 1979, le charbon a massivement contribué au spectaculaire développement de la Chine. Véritable carburant de l’industrialisation du pays, ce combustible est de loin la première source d’énergie utilisée aujourd’hui. Sur les vingt dernières années, elle représente ainsi pour Pékin près de 70 % de la consommation totale d’énergie. À elle seule, la Chine assure quasiment la moitié de la demande mondiale.

Pourtant, le charbon ne cesse de perdre des parts de marché au profit des énergies renouvelables et du gaz naturel. Depuis 2018, en effet, sa part dans le mix énergétique s’établit en dessous des 60 %. Il s’agit d’une première depuis des décennies. Selon la compagnie pétrolière CNPC, cette part pourrait même chuter vers les 40 % d’ici à 2050.

Néanmoins, cette diminution ne signifie aucunement une baisse de la consommation de charbon en valeur absolue. Au contraire, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le pic de la consommation ne sera atteint qu’au début des années 2030. L’organisation mondiale ajoute que ce pic s’accompagnera ensuite d’une diminution progressive mais lente de l’usage de cette source d’énergie. En 2050, la Chine consommera ainsi presque autant de charbon qu’aujourd’hui.

La crise du Covid-19 a renforcé l’addiction de la Chine au charbon

L’épidémie de Covid-19 qui a frappé la Chine a eu un impact sévère sur l’industrie charbonnière. En réduisant la demande d’électricité, les mesures de confinement ont ainsi fait chuter la production nationale de près de 6 %. Néanmoins, cette baisse n’est que temporaire et ne serait être perçue comme l’amorce d’un déclin inéluctable.

Bien au contraire. La crise du Covid-19 contribue en effet à refaire du charbon une source d’énergie prioritaire pour la relance du pays. D’une part, l’industrie charbonnière représente une force incontournable dans le domaine de l’emploi. D’autre part, la crise sanitaire et les tensions croissantes avec les États-Unis ont renforcé les inquiétudes concernant la sécurité énergétique du pays. Abondamment disponible sur le territoire national, le charbon répond parfaitement à toutes ces angoisses.

C’est pourquoi, Pékin a annoncé un desserrement des contraintes réglementaires et environnementales pesant sur l’industrie charbonnière. Le gouvernement a ainsi reporté ses objectifs en matière d’intensité énergétique pour cette année. De même, les autorités ont approuvé le déploiement de 48 gigawatts (GW) de capacités charbonnières supplémentaires. Ce chiffre représente une hausse de 60 % par rapport à 2019. Sachant que les centrales à charbon fonctionnent sur un cycle de 20 à 30 ans, le pouvoir chinois confirme donc la place centrale du charbon pour l’avenir du pays.

L’irremplaçable charbon

L’addiction chinoise au charbon ne peut également se comprendre sans prendre en compte le rapport ambivalent des autorités envers les énergies renouvelables. Ce point est fondamental. Car si en Europe, il semble que les renouvelables et le charbon ont un rapport antagonique, en Chine, le charbon est largement perçu comme un complément indispensable à l’expansion des renouvelables.

Les énergies renouvelables sont en effet situées dans les provinces de l’Ouest du pays alors que les centres de consommation se trouvent à l’Est. Cette contrainte géographique crée dès lors des surcapacités ainsi que des coûts supplémentaires d’accès aux réseaux. À l’inverse, le charbon bénéficie d’une localisation beaucoup plus favorable dans le Nord du pays.

De plus, l’intermittence des renouvelables facilite l’utilisation du charbon comme source d’équilibre du marché électrique chinois. Le charbon est ainsi indispensable en cas de conditions météorologiques défavorables aux énergies solaires et éoliennes. À l’heure actuelle, seul le gaz naturel semble pouvoir faire concurrence au charbon dans ce domaine. Après tout, la Chine possède les premières réserves mondiales de gaz non conventionnel au monde. Cependant, confrontées à des conditions géologiques difficiles, les compagnies chinoises ne sont pas encore en capacité d’exploiter massivement ces réserves. De même, le gaz n’est pas suffisamment compétitif en matière de prix pour rivaliser avec le charbon.

En conséquence, le charbon semble plus indispensable que jamais pour une Chine dont la consommation énergétique ne cessera de progresser dans les années à venir.

 

Sources :

Agence internationale de l’énergie (AIE), Coal 2019 : Analysis and Forecasts to 2024, Paris, 2019.

China National Petroleum Corporation (CNPC), China Energy Outlook 2050, Pékin, 2019.

Anders Hove, Current direction for renewable energy in China, The Oxford Institute For Energy Studies, Juin 2020.

Michal Meidan, Covid-19 and the electrification of the Chinese economy, The Oxford Institute For Energy Studies, Juin 2020.

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Quentin PARES

Quentin Pares est diplômé d’un Master 2 de Grenoble Ecole de Management (GEM) et est étudiant à l’IRIS. Il est spécialisé dans les questions énergétiques et d'économie internationale.

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